Basse Cour

2021



La peinture comme une basse-cour

La représentation des animaux dans l’histoire de l’art a connu nombre de configuration mais à ma connaissance la basse-cour n’a jamais été un sujet vraiment sérieux pour le peintre.
A travers une série de peintures à l’acrylique sur bois et sur toile, Marie van Roey nous propose donc une rencontre originale et interpellante entre le monde pictural et celui de l’animal domestique.
L’iconographie nous plonge dans un microcosme social à la fois familier et totalement étranger. La basse-cour est un enclos où les animaux qui s’y retrouvent ne sont là que pour servir des intérêts humains. En dehors de leur utilité, ces êtres vivants ne suscitent pas chez l’homme une immense curiosité intellectuelle ou artistique.
Dans les compositions de Marie van Roey nous sommes rendus sensibles à cette vie animale en occupant nous-mêmes une place au sein de la basse-cour. La proximité des points de vue choisis sur ces animaux nous donne le sentiment de partager un peu leur intimité, voir de se confondre avec eux. Comme si nous découvrions le monde à travers leurs yeux. A tel point que par moment nous pouvons projeter des enjeux narratifs voir dramatiques dans les situations représentées. Où court donc cette poule à travers le pré? A quoi pense le mouton en regardant cette oie? Je suis même tenté de dire que Marie van Roey peint « pour » les animaux de basse-cour comme on dit d’un écrivain qu’il écrit « pour » ceux qui n’ont pas accès à l’écriture.

Ce qui nous interpelle ici, c’est que le « silence » animal se confond magnifiquement avec le « silence » pictural. La pensée d’un mouton est tout aussi rétive au langage humain que le sont les gestes, les matières, les transparences ou les coulées picturales.Une peinture comme une poule ne nous « dit » rien mais vaut pour sa qualité d’existence. C’est je crois le tour de force que réalise cette série de peintures en nous faisant sentir à quel point ces deux mondes s’enrichissent de leurs vibrations communes.

Emmanuel Tête, 2021



Un espace de basse-cour, un territoire pas à nous, un territoire aux bêtes entre elles. On voudrait presque les toucher ces plumes blanches mais elles sont à la poule, elles nous tiennent en respect. Les canards aux longs cous ne nous toisent même pas tant ils sont occupés. Les ombres disent beaucoup ça dans ces cours boueuses, quant à comprendre, quant à se faire reconnaître nous pouvons repasser. Pas de pleine lumière pour dire ce fossé, cette étrangeté.

Catherine Foussadier, 2021