Livres-vêtements

Depuis 2006




GARDE-ROBE


Installation de 30 livres-vêtements installés sur tringle à vêtement
Christèle Simonard – Marie Van Roey




“Vous est-il arrivé de ne plus souffrir cette chemise rose que vous adoriez il y a une semaine à peine mais de la garder quand même ? Vous est-il arrivé de caresser, songeur, lʼétoffe râpée dʼun essuie que votre amoureuse, votre chat, votre mère ne peut plus voir en peinture ? Avez-vous tenté dix, quinze fois de vous débarrasser sans succès dʼune robe trop petite que vous ne mettez pas, ne mettrez jamais, mais qui reprend inexplicablement le chemin de votre armoire ? Vous arrive-t-il de vous souvenir ?”

Nous avons demandé à des anonymes de nous confier une pièce de leur garde-robe émotionnelle et dʼécrire lʼhistoire de cette chemise, cet essuie, cette robe dont ils nʼarrivaient pas à se séparer. Chaque histoire est à lire en même temps quʼà toucher.

Conception technique: reliure japonaise, impression sérigraphie, ceintre MDF, tringle acier.






« La tringle »

Il y a le vêtement mais ce n’est pas le vêtement qui fait mouche au fil des livres de «La Tringle» de Christelle Simonard et Marie Van Roye, c’est la peau.
La peau que l’on devine dessous.
Les traces qu’elle laisse dans le vêtement.
Les mouvements et chaleurs de la peau vivante sous les mailles du tissu.
Tenter de définir ce qui précisément fonde la singularité et la puissance de la proposition de Christelle Simonard et Marie Van Roye est vain tant les matières, les mots, les couleurs, les concepts: reliure/couture/collage/impression/graphisme, l’organisation de la forme et celle du sens recèlent une frappe de conviction équivalente.
Les livres se construisent autour de la notion de lien, lien entre les objets et les individus, lien entre différents humains et lien
d’un humain à lui-même, à sa propre histoire.
Les livres quêtent la rencontre et content ses impasses, ses détours, ses incapacités et le temps qui passe.
Il est question de temps, oui, dans «La Tringle».
Le vêtement, déstructuré et ré-installé par le duo au cœur des dispositifs et cadres rigoureux du livre systématique, est doté
d’une évidente qualité temporelle. On entend parfois à la lecture des livres de Christelle Simonard et Marie Van Roey le tic tac de l’horloge derrière la voix de l’humain au vêtement.
La voix parle le vêtement, le souvenir et son récit forme au fil des pages une collectivité invisible, palpable et infinie.
«La Tringle» suspend l’humanité et la défriche, cintre après cintre, étoffe après étoffe, comme dans un long souffle de funambule qui ne s’arrête pas.

Valérie Vanhoutvinck ©2009